Bien à vous,
Bienvenue sur la page traitant de l’exposition Bien à vous,! Il s’agit d’une exposition que j’ai présentée en février 2021 à la maison de la culture de NDG (Botrel). La prémisse de départ est la réappropriation de cartes postales à travers l’intervention sérigraphique, l’agrandissement et l’ouverture du sens.
La carte postale est sans doute l’un des objets témoin les plus emblématiques du “comment ça va?”. Bien qu’historiquement, elle fut utilisée au même titre que la lettre, porteuse de bonnes et moins bonnes nouvelles, sa récupération par l’industrie touristique en fit un objet du “je te montre que ça va bien”. On pourrait presque la placer comme précurseur des réseaux sociaux tel Instagram, qui vendent l’idée du rêve par l’image. Mais cette image, au fond, que nous dit-elle?
L’origine de ce projet est un lot de cartes postales que j’avais acquis pour une exposition de groupe à laquelle j’avais été invité à participer par la boîte de design Sale Caractère. Ce lot particulier contenait plus d’une centaine de cartes postales, la majorité datant des années 60 et 70. Ce qui est beau dans toute l’affaire, ce que bien que cette acquisition se fit à Montréal, ma ville d’origine, la majorité des cartes qu’elle contenait relataient l’histoire “publicitaire” de ma nouvelle région d’adoption, le Bas-Saint-Laurent (et la Gaspésie). Par exemple, cette carte postale présentant un chasseur et sa proie, dans une teinte irréelle, provient de St-Guy, municipalité dans les terres entre Trois-Pistoles et le lac Témiscouata.
Le projet initial n’avait pas comme objectif l’agrandissement des images ni conséquemment leur présentation en tant qu’image objet. La proposition initiale présentée à Sale Caractère était plus dans le nombre et la petite intrusion. J’avais intervenu sur plus d’une cinquantaine de cartes postales, pour ensuite en sélectionner une dizaine qui a été présentée. Lorsqu’une proposition d’exposition à la maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce m’est parvenue, j’ai aussitôt sauté sur l’occasion pour choisir quelques images et les imprimer en grand format, comme rappel du format panneau publicitaire.
Ceci dit, je trouve qu’il est souvent facile de choisir des images et de les imprimer en grand format pour impressionner, et bien souvent malheureusement, les raisons ne vont pas plus loin. J’ai d’ailleurs souvent préféré les petites images, dont le format leur confère une intimité qui n’existe malheureusement plus dans notre société devenue pornographique. Ceci dit, le grand format des images présentées servait justement ce constat, appuyant la nécessité de s’approcher pour examiner la consistance du vide de ces images.
Ainsi, un des points d’intérêt qu’il est difficile d’apprécier dans les photographies d’ensemble est la variation de textures visuelles selon notre proximité de l’œuvre. À quelques mètres de distance, l’image perçue est fidèle à ce qu’on verrait si la scène était réellement devant nos yeux. La grandeur des objets qui la compose sont s’offrent à nous à une échelle similaire à ce que nous présente la réalité. Si on s’éloigne encore plus pour contempler l’ensemble, on assiste alors à un spectacle de la société des loisirs, décliné en saisons du divertissement.
Mais lorsqu’on s’approche des impressions, on remarque la superposition sérigraphique analogue qui, à la manière d’un graffiti (ou même d’un tag), change le message et la texture visuelle du substrat de base. Cette texture visuelle se trouve à être la trame d’impression de la carte postale, maintenant magnifiée à plus de 10 fois sa taille originale.
Cette construction de l’image par pointillisme paraît, de loin, nous donner un tout plein et cohérent. Or cela n’est qu’une illusion, comme le fond du message publicitaire que nous projette la carte postale. L’impression sérigraphique, bien moins précise et “belle” que l’autre, nous offre toutefois une réalité pleine et complète.
Il faut de tout de même rappeler que l’impression sérigraphique demeure un procédé mécanique et répétitif, soulignant ici peut-être notre impossibilité de nous défaire de certains réflexes ou conditionnements.
Mais comme dans l’album d’Harmonium “Si on avait besoin d’une cinquième saison”, ici notre cinquième saison serait celle de la police de l’art. Chapeau de la société et du pouvoir en place, la police applique les lois qui servent justement à préserver l’ordre établi. Les lois de moindre importance, comme celles portant sur le droit d’auteur, se trouvent bien délaissées et c’est au citoyen d’entreprendre des démarches judiciaires, en son nom et son argent pour tenter d’obtenir justice. La culture étant l’affaire de tous, l’État devrait s’en charger afin de s’assurer de sa diffusion et de sa préservation. Donner cette opportunité (encore) aux plus riches de pouvoir contrôler comment ce droit est appliqué cause tort non seulement aux artistes, mais aussi à la société dans son ensemble.
Devant ce problème, j’ai décidé de créer la police de l’art, premier acteur du nouveau système venant défendre l’intérêt de la culture au nom du citoyen. Ainsi, si vous violez le droit d’auteur, attendez-vous à ce que ce corps de police débarque directement chez vous, avec son cheval, et soyez prêt à passer un sale quart d’heure. Avez-vous déjà vu une police montée imposer la loi? Moi oui (printemps érable), et laissez-moi vous dire que c’est une chose que vous n’oublierez pas de sitôt.
N’est pas un peu problématique toutefois que cette œuvre, qui se doit de représenter la loi et le droit (d’auteur) en serait possiblement une violation légale, ou du moins, morale?
Vous pouvez en apprendre plus sur chacune des œuvres, les voir en détail et même les acquérir en cliquant ici!
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Crédit photographique: Jean-Michael Seminaro pour les images de l’exposition.
Agrandissement et œuvres: Marko Tonich