Pingo
Cette exposition est ma deuxième exposition solo, 10 mois après Nature humaine: nuée. Tout comme la première, je suis parti d’un objet de décoration que j’ai modifié, moulé et puis reproduit. Le tout était installé dans l’espace autour d’une bonbonnière Beaver classique, que j’avais remplie de tessons (fragments) de céramiques. La machine étant fonctionnelle, il était possible pour les visiteurs d’acheter une pièce d’art pour seulement 25cents!
L’œuvre centrale qui pose au-dessus de ladite bonbonnière est une taie d’oreiller double sur laquelle j’ai appliqué un pochoir de la forme Alligator-Toygun-Ak47. Cette forme se retrouve à quatre reprises dans l’exposition. Vous pouvez remarquer aussi un petit bol noir au bas du mur. Celui-ci contient les fragments d’une des œuvres qui a été brisée lors de l’exposition. Mais ça, c’est une autre histoire.
Lors de la composition de mes installations, l’aspect musical, voire sonore est toujours crucial. Celles-ci sont organisées de manière à exprimer un son général, mais dans le détail une mélodie plus complexe. Chacune des pièces se présente comme une note de musique, un accord, un phrasé dans l’ensemble. Chacune des œuvres offre une vérité qui lui est propre, mais aussi en relation à son prochain. Elle est ainsi vraie dans son individualité, mais la vérité entre deux œuvres se situe justement entre les deux. Tel un pianiste qui ne peut recourir au bend à la manière d’un guitariste, il se doit de fournir la note juste en trouvant l’espace entre deux touches. Dans ce sens, le fonctionnement entre les œuvres est identique au jeu du pianiste. Alors que celles-ci s’occupent des notes, la mise en espace, elle, se charge du rythme et de la cohésion. La disposition des pièces propose une symphonie répétitive composée d’essais toujours plus pointus, juste dans leur individualité et dans leur relation à l’ensemble. Chaque répétition est une recherche précise singulière et générale commune dans le même esprit que celui du bluesman. Une vérité dans et par l’individualité, une vérité dans et par l'ensemble.
Je pourrais aussi glisser un mot sur les peintures que j’ai présentées. Elles utilisent toutes le principe du pochoir, comme les cyanotypes qui fonctionnent par photogramme. J’aime cette technique pour sa simplicité et sa capacité de reproduction d’une même forme. De plus, ce qui révèle la forme c’est la trace laissée par son absence. Une aura concentrant son existence intérieure définie par le fond qu’elle n’occupe plus. Il me semble, d’expérience et d’observation, que la “vérité” est contenue dans les choses, mais jamais ne les revêt. C’est dans la trace que l’un laisse derrière lui en quittant le sentier battu qu’il peut s’apercevoir de sa propre existence intérieure et c’est en observant l’espace découvert laissé par l’autre maintenant déplacé que l’un peut voir la vérité. C’est dans cette distance, celle entre l’objet et son ombre, celle entre l’humain et les choses que la relation s'établit et existe. C’est dans celle-ci que la vérité se pose. Sans distance, il n’y aurait rien. Ni objet, ni ombre; ni chose, ni sens. La vérité et le savoir recherché résident dans cette distance, ce libre champ-chant du monde dans l’ouverture que l’on crée dans l’autre, dans la chose et dans sa place dans la réalité.
Remerciements:
Je remercie Sébastien Vachon, le technicien en moulage de l’Université Laval et mon mentor. C’est lui qui m’a fait découvrir le moulage en céramique, qui m’a accueilli dans son atelier, qui a été conciliant quant à l’espace (3 tables) que j’occupais chaque jour pour produire mes œuvres, les cycles infinis de cuisson, et les bons rires!
Je remercie Jacques Samson pour son aide dans la réalisation du pied pour la bonbonnière.
Je remercie Jean-Phillipe Harvey pour les discussions d’atelier, l’idée-concept que je n’arrivais pas à formuler d’art comme nécessité alimentaire ainsi que pour m’avoir ouvert les yeux sur la possibilité d’utilisation d’autres médiums comme la peinture. L’artiste ne se résume pas à son médium, et c’est ce qui m’a poussé et tenté de produire les 4 peintures présentées lors de cette exposition.
Je remercie Tristan Alantar qui est venu jouer de la cithare lors du vernissage. De plus, il a organisé et orchestré une performance sonore musicale et danse avec Rémy Bélanger de Beauport et Camille Conarroe, que je remercie aussi tous deux.
Je remercie bien évidemment mes parents qui m’ont soutenu dans mes études et mon parcours professionnel.